Par Anthony PLASSE - 15/11/2021

Dépénalisation et légalisation : Des bilans favorables

C’est en octobre 2018 qu’outre Atlantique le Canada légalisait la consommation, vente, possession et achat de cannabis. Parmi l’ensemble des États canadiens, le Québec fait souvent figure de modèle en matière de réduction des risques et d’aide aux usagers de drogues

Retour sur expérience, trois ans après.

Le premier bilan du gouvernement québécois vient d’être publié et l’action de la société québécoise du cannabis (l’entreprise d’état détenant le monopole au sein de l’état), y est décrite comme une réussite/ Lire le Rapport de mise en œuvre 2018-2021 / Gouvernement du Canada / LOI ENCADRANT LE CANNABIS

Un double succès, tant sous le prisme de la consommation que de la vente au marché noir. En effet, la consommation diminue de 3% chez les jeunes et la vente au marché noir est divisée par deux. Ces premiers résultats sont encourageants et demandent une analyse plus fine dans quelques années, lorsque nous pourrons obtenir les chiffres d’une période au-delà de la crise sanitaire que nous avons traversée.

Enfin, le produit de la vente de cannabis a également permis la création d’un fond de recherche ayant pour objet la prévention et la recherche autour du cannabis.

Plus proche de nous.

Du côté du vieux continent, la dépénalisation portugaise fête ses 20 ans et l’OFDT a publié un rapport concernant les politiques publiques mises en place et leur impact sur la santé / Lire le Rapport de l’OFDT sur la dépénalisation des drogues au Portugal : Bilan 20 ans après

En 2001, le Portugal était traversé par une grave crise de consommation d’héroïne. A titre d’illustration, en 1999, 1% des Portugais étaient dépendants à l’héroïne. Si le premier réflexe fut répressif, le gouvernement portugais a réorienté sa position face au manque de résultat.

En instituant le consommateur de drogues comme un patient demandant accompagnement et soin et non plus comme un criminel, le pays a fait de la réduction des risques un pilier de son action.

20 ans plus tard, la péninsule ibérique affiche l’une des plus faibles proportions de consommateurs d’Europe et des structures de soins et d’accompagnement efficaces et accessibles à chacun sans crainte de conséquences judiciaire. La création des commissions de dissuasion de la toxicomanie par exemple, incarne un trait d’union entre l’univers du soin et du judiciaire en proposant des réponses adaptées aux personnes et à leurs besoins. De plus, cette réforme législative a permis de concentrer le travail des forces de l’ordre vers les trafics et non les consommateurs, augmentant grandement leur efficacité.

Une politique qui a pu inspirer d’autres nations comme la République Tchèque.

Néanmoins, la consommation de crack soulève quelques ombres dans ce rapport idyllique. Une problématique commune, face à laquelle les pays touchés pourraient s’entraider et se nourrir de leurs réussites afin d’accompagner au mieux les personnes en souffrance et en prise à des conduites addictives.

Anthony PLASSE, Responsable Addiction – Association Le MAS

+ Infos : a.plasse@mas-asso.fr